L'Église Saint-Pierre & Saint-Paul

Introduction

EN

La documentation sur l'histoire de l'église Saint-Pierre et Saint-Paul de Bretoncelles est riche et instructive grâce aux archives, à l'étude historique de Eric Yvard, historien du patrimoine, en 2011 et aux chroniques bretoncelloises de Jean François Luce, (bretperche.canalblog.com).

Les constructions successives, les aménagements et "embellissements" plus ou moins appréciés et arbitraires sont communs à de nombreux édifices religieux. Une représentante du patrimoine et des musées au Conseil départemental, lors d'une consultation de BPN concernant les fresques du XIXe, découvertes au cours de la restauration du choeur, employa l'image d'un "mille feuilles", strates successives que chaque époque apporte au cours des temps. Cette évocation familière est parfaitement exacte et BPN continue, sous forme de restaurations, à la faire évoluer, en accord avec le père Hébert, prêtre de la paroisse.

Son histoire

De la construction initiale, plus rien n'est visible aujourd'hui, mais nous savons que l'église Saint-Pierre et Saint-Paul de Bretoncelles dépendait du monastère bénédictin de Corbion, fondée en 575 par saint Laumer.

Selon la tradition, une dame Wulfrade, guérie de la paralysie par saint Laumer, aurait vers l'an 600, légué ses biens au monastère à la condition qu'un sanctuaire soit édifié sur chacun de ses domaines, dont Bretoncelles.

Eglise

Abandonné en 872 face aux invasions vikings, le monastère fut refondé au XIe sous son vocable actuel de Moutiers. Une bulle du pape Innocent II (1243-1254) confirma que l'église relevait de ce monastère.

Il est probable que l'actuelle église fut bâtie sur l'emplacement de la première, bien qu'il ne soit pas possible de l'affirmer.

Avant la Révolution, Bretoncelles, Bertoncelli (1245), Bertoncelles ou Berthoncelles (1296), paroisse du comté du Perche, dédiée à saint Pierre et saint Paul, relevait du doyenné du Perche une dépendance du grand archidiaconé de Chartres.

La nef restaurée en 2021

Depuis le Concordat, la paroisse de Bretoncelles appartient au diocèse de Sées et dépend du doyenné de Rémalard. La paroisse n'ayant plus de curé à résidence depuis 1996, c'est désormais, le curé de Rémalard qui est desservant de la paroisse.

Pendant la première moitié du XVIe, l'église est entièrement reconstruite dans le style gothique flamboyant.

La première construction semble être la grande nef. (ci-contre restaurée en 2021) 

Il ne reste aujourd'hui aucune trace de construction d'une époque plus ancienne. La grande nef était terminée, à l'origine, d'une abside à chevet plat.

Une grande porte percée dans le mur du pignon ouest permet d'entrer dans l'édifice.

Cette porte est couverte d'un tympan très ouvragé, encadré de pinacles de style gothique : entrelacs typiques du gothique flamboyant, animaux imaginaires courant le long des moulures de la porte en anse de panier…

Porche du Pignon Ouest

Eglise restauration du porche

Restauration du typan ouvragé

 

Un clocher de plan carré a été accolé sur la droite de la nef près du porche.

Le clocher de l'église de Bretoncelles

Le rez-de-chaussée de la tour était primitivement couvert d'une croisée d'ogives en pierres comme en témoignent les nombreux vestiges qui subsistent aujourd'hui.

Ce clocher ou plutôt cette tour a connu quelques transformations au cours des siècles.

Entre 1606 et 1609, de grands travaux, sous la conduite du curé Mathurin Giroust, sont commencés pour en construire une neuve. Le chantier dure plus de quatre années et connaît plusieurs hivers difficiles.

Eglise lanternon

Le haut de la charpente de la tour est couvert d'un dôme en ardoises, couronné d'un lanternon ajouré.

La première horloge mécanique, disposée au premier étage, a été remplacée par une horloge électrique en 1947. Devant le clocher fut inauguré en 1921 le monument aux morts, déplacé en 1990 de l'autre côté de la rue.

De l'extérieur, la modification architecturale de la fin du XIXe est bien visible : chevet à trois pans et sacristies latérales.

Le bas-côté nord fut percé de deux portes, une petite, probablement la porte seigneuriale et une grande, sans doute la porte de la confrérie de la Charité.

Le père Oger fit ériger un pignon (fin XIXe) au bout du bas-côté qui était resté inachevé.

La Fabrique

La Fabrique était une confrérie de Charité, association de paroissiens qui assuraient bénévolement les inhumations, accompagnaient et soutenaient les familles en deuil et participaient aux offices religieux, en assistant le célébrant.

Ces institutions apparaissent en France au Moyen Âge et prennent leur essor au XIVe - XVe. Il est possible de dater la création de la confrérie bretoncelloise vers fin 1668, début 1669.

Cette confrérie jouait donc un rôle important dans la vie des paroissiens et a également financé, entre autres, avec des particuliers, la pause de vitraux et un ensemble de trois retables en pierre polychromée de style Louis XIII.

Le plus grand qui couvrait l'ensemble du chœur s'appuyait à l'origine sur le chevet plat de l'église et deux plus petits pour chacun des bas-côtés.

Celui du chœur reste en place jusqu'en 1877.

Les vitraux de l'abbé Damase Oger

L'abbé Damase Oger, originaire de Saint-Martin d'Aspres (Orne), est nommé curé de Bretoncelles en 1873. Pendant tout son ministère, il embellira l'église avec l'aide de la Fabrique. Le chevet plat est abattu et remplacé par un nouveau à trois pans, percé de trois grandes baies, qui permettent une meilleure lecture au maître - autel. Une voûte en pierre est posée au-dessus du sanctuaire. Deux sacristies sont construites de chaque côté.

Vitraux Abbé Oger

Vitraux Abbé Oger

Le tir des canons prussiens sur le bourg de Bretoncelles durant la guerre de 1870 occasionna la dégradation de l’ensemble des vitres de l’église, l’abbé Oger et quelques-uns de ses paroissiens financent la pose de vitraux dans toutes les baies.

En 1897, le prêtre demande l'autorisation de faire achever, à ses frais, l'église en faisant construire un pignon de dix mètres au bout du bas-côté nord qui n’avait pas été terminé.

En 1899, l'abbé Oger demande l'enlèvement des trois tirants du bas de l'église, afin d'ajouter à la voûte principale des arcs et des arêtes.

Une voûte en plâtre est donc posée sur l’ensemble de la charpente intérieure pour remplacer le vieux lambris délabré. L’ensemble repose sur des petites colonnettes décorées de chapiteaux et des culs-de-lampe.

Nef vide pendant les travaux de restauration

Nef vide pendant les travaux de restauration

Encore des travaux au XXet XXIe siècle

En septembre 1926, à la demande de l'abbé Langlois, tous les anciens bancs fermés de l'église sont remplacés par des chaises avec prie-Dieu. L’abbé prend à sa charge les pavés neufs posés sous les anciens bancs.

Des modifications importantes eurent lieu en 1967 :

Le clergé ayant donné des recommandations pour que les églises soient plus accessibles à tous et moins ostentatoires, les statues ont été retirées ainsi que la chaire. L'autel a été détruit, les grilles fermant les chapelles latérales retirées. Il est procédé à une réfection sommaire des murs du choeur et des peintures.

L'église est repeinte en blanc en 1969 après le nouvel aménagement intérieur à la suite du Concile de Vatican II, qui demande que le curé célèbre désormais la messe en français et face aux fidèles.

Et plus récemment ...

2011 : Réalisation de l'étude historique de l'église par Éric Yvard, historien du patrimoine.

2017 : Restauration extérieure de l'église avec la Commune et la Fondation du Patrimoine 

2018 : Restauration intérieure du chœur de l'église, avec la redécouverte des fresques des 4 évangélistes et du ciel étoilé.

2021 : Restauration de la voûte de la Grande Nef.

2023 : Restauration de la Chapelle Saint-Jacques, chapelle de droite.

 

Pour aller plus loin ...

  • Le livre, Bretoncelles, un village du Perche, éditions BPN - 2015, notamment p. 18-34
  • Cahiers percherons, n° 195, 3ème trimestre 2013, p 4-25 :
  • L’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Bretoncelles, d'après l'étude historique d'Eric Yvard.

Date de dernière mise à jour : 29/05/2024